Petite princesse maladroite [ Aoi ]

La cuisine! Voilà une matière qui passionnait notre jeune Mei depuis son arrivée dans sa nouvelle école, quelques jours seulement auparavant. Il n'avait pas encore fait de grosses "catatrophe", comme il disait, seulement un bon paquet de plats ratés. Soit trop cuits, ou pas assez, ou trop salés, ou trop sucrés... Mais il s'était juré de faire des efforts pour que Yoshi soit fier de lui à sa sortie! Car oui, cet espèce de princesse naïve croyait dur comme fer que quand il sortirait d'ici, son prince pas vraiment charmant de Yoshi l'attendrait et l'accueillerait à bras ouverts, et qu'ils vivraient dans un grand château avec du rose et du brillant partout, qu'ils auraient un beau cheval et plein d'enfants... Et ça prétend avoir 17 ans hein! Ses rêves, il y croyait dur comme fer, et il y croirait toujours, quoi qu'il arrive... L'espoir fait vivre, n'est-ce pas.

Pour parfaire ses talents de cuisinier, il avait décidé de s'exercer pendant son temps libre. C'est donc ce dimanche après midi qu'il s'était rendu en salle de cuisine, pour essayer de faire un gâteau aux fruits. Heureusement, il avait trouvé une recette simple et l'avait emmenée ici avant de partir et, par chance, il avait trouvé sur place tous les ingrédients. Il se lava les mains, attacha ses longs cheveux décolorés et méchés de bleu, enfila un tablier, avant de s'installer à une table. Il lava les fruits minutieusement dans une bassine d'eau froide, chantonnant des chansons de Disney, et coupa les fruits. Il dut se lever pour le reste, casser les oeufs et tout ça... Il s'en sortit sans (trop) en mettre partout. Du moins, il avait réussi à épargner les autres tables, déjà pas mal... Il cassa le chocolat blanc de la génoise, et fit une crème dont il ne connaissait pas le nom, pour mettre les fruits dedans. La génoise il se foula pas, il en avait trouvé de la toute prête.

Il fut prit d'une envie de mettre de la musique, et mit son MP3 en haut parleur, chantonant une chanson... d'oshare kei. Ben oui quoi, la musique va avec la caractère! Une chanson bien gnan gnan comme il aimait, qui parlait de princesse et de prince, et d'amour comme dans les contes de fées...

- Shikashi ohimesama wa utsuro na hitomi de o shiro no mado kara kanashi ge ni tooku o nagame te~

Un petit Mei mignon qui chante en dandinant son petit postérieur en cassant des oeufs et en battant le mélange dans le saladier... Adorable! Yoshi lui aurait surement sauté dessus, et aurait surement voulu faire des trucs pas nets avec le mélange pour gâteau. Vint une opération très périlleuse... Le râpage au couteau de copaux de chocolat blanc! Confiant vu qu'il n'avait encore rien fait exploser, Mei continua de chanter et danser en faisant ça... Et ce qui devait arriver arriva.

- Aï-euh!

Mei regarda son doigt et vit qu'il en coulait du sang. Sur le coup il paniqua, persuadé qu'il allait mourir. Il rinca son doigt mais vit que la blessure était très profonde -au moins 2 millimètres- et paniqua encore plus. Il sortit du laboratoire en pleurs, cherchant quelqu'un succeptible de lui sauver la vie. Un prince, par exemple! Il apperçut un homme au bout du couloir et courrut vers lui. Bien entendu, il se prit les pieds dans ses lacets et se vautra de façon magistrale devant l'inconnu. Dans un gémissement de douleur, il se redressa, restant au sol tout de même, et tendit son doigt vers le beau monsieur avec une bouille de gamin perdu.

- J'vais mourir! Aidez moi!

Son regard se fit presque suppliant envers cet inconnu. Bien sur, il ne se rendait pas compte à quel point il était ridicule...

Le grand monsieur très beau se moqua du plus jeune, qui fit une moue boudeuse. Ses grands yeux noirs et trempés de larmes se froncèrent et il retroussa la bouche. Il attendit bien sagement que le monsieur se soit calmé, et qu'il arrête de rigoler du malheur des autres. Il n'aimait pas qu'on rigole sur ça, c'était pas gentil. En tout cas, ce genre de comportement signifiait dans son esprit que ce monsieur là n'était pas un prince, ou en tout cas pas un vrai prince. Et Mei n'aimait bien que les princes et les princesses. Il laissa le monsieur à poil sous sa veste prendre sa main, et ouvrit de grands yeux en rougissant quand il déposa un baiser sur son doigt. Un bisou magique? Ca marchait pas tellement en tout cas... Mais bon, c'était quand même gentil de sa part d'essayer, et la petite princesse essuya ses larmes de sa main non abîmée, sa méchante main qui avait tenu le couteau qui avait servi à couper la main droite... C'était décidé: il n'aimait plus sa main gauche. Dommage pour un gaucher...

Les premiers mots du monsieur firent peur à Mei, qui récupéra sa main, reculant de trois culs en arrière.

- Non! Je veux pas!

Il se remit à pleurer de trouille. Ca fait mal de couper un doigt, eh! Il avait pas envie qu'on lui prenne le sien! Pas qu'il lui était utile mais un peu quand même en fait... Il regarda l'homme face à lui avec un air tout terrorisé sur le visage, son doigt saignant contre son haut blanc... Il ne se rendit même pas compte de la jolie tache qu'il avait faite sur son gilet. Gilet qui était tout neuf, sinon c'est pas drôle.

Sûrement à cause de sa réaction quelque peu enfantine, le monsieur à poil sous sa veste se mit à rigoler, et s'empressa de rassurer le jeune homme quant à la possession de son doigt. Mouais... Pas convaincu, le Mei. Une fois qu'on lui a dit quelque chose, cet animal là n'en démord pas! Cependant, il sécha de nouveau ses larmes et prit la main tendue, pour se relever. Il avait un peu mal aux genoux, ces derniers étaient tout erafflés. Forcément, quand on met que des shorts, les chuttes peuvent avoir des conséquences tragiques. Il constata l'état de ses genoux dont la peau était déchiquettée, laissant un filet de sang couler. Le genoux droit était sacrément abîmé. Il prit une moue toute triste tout en regardant cette horreur là.

- Oh non... Mes genoux sont fichus, je pourrai plus mettre de shorts parce que ça va être trop moche...

Il releva un regard inquiet et triste vers l'inconnu en face de lui.

- Ca s'en ira ça?

Le doigt, maintenant, il s'en fichait. ses genoux étaient bien trop ammochés pour qu'il s'en soucie encore! Pis, ça faisait mal... Et en tant que grand princesse, il ne pouvait pas se permettre d'avoir des genoux abîmés à ce point! Si ça cicatrisait pas, il allait devoir mettre des pantalons, quelle horreur!

Mei se laissa soulever et passa ses bras autour du cou du monsieur pour pas tomber. Il écouta ses paroles et eut un choc. Ne pas mettre de pantalons?! Laisser cette horreur de genoux brûlé par le carrelage à l'air libre pour que tout le monde puisse le voir? Oh non! On pitié non! A croire que ses souhaits avaient été entendus, puisque le monsieur lui déclara qu'il lui ferrait un bandage pour cacher ça. Ouf, au moins son honneur était sauf. Parce que franchement, autant tomber en moto parce qu'on a prit un virage serré dans une course c'est classe, autant se rétamer parce qu'on s'est prit les pieds dans son lacet, le tout en courant à cause d'une peur panique du sang, c'est pas top. Mei ne suportait pas la vue du sang, ce rouge qui lui rappelait toutes les crasses de Yoshi par le passé, les plans à plusieurs qui tournaient mal... Mais bon, il ne regrettait pas ça, puisque ça avait été pour faire plaisir à son prince! Prince qui s'était avéré être un violeur et un meurtrier au final... Mais bon, Mei était persuadé qu'il avait agit sous l'influence de quelqu'un.

Une semaine de cicatrisation?! Mei lança un regard désespéré à l'homme qui le portait. Une semaine... Mais est-ce qu'il avait conscience de ce que c'était, une semaine? Sept jours! C'est énorme une semaine, quand on est une princesse! Une semaine à avoir des genoux tout moches et tout brulés... Pis, une semaine à avoir mal! Oh non non non, Mei ne voulait pas avoir mal... Un fit une moue déçue en baissant les yeux, comme un gosse à qui on a refusé un bonbon.

Une remarque le fit sortir de ses pensées. Gilet... Sali?... Il hésita, appeuré, avant de constater la grosse, que dis-je, la gargantuesque tache de 3 centimètes de diamètre sur le ventre de Mei, sur son gilet. Il commenca à paniquer, sa respiration s'accéléra et il dut prendre sur lui pour ne pas pleurer.

- Nooon! Mon gilet!

Il se mit à frotter nerveusement pour essayer de faire partir le sang, mais ça ne marcha pas, au contraire, vu que son doigt saignait encore. Tout dégouté, il cacha son visage derrière ses mains, le tout contre l'épaule du monsieur qui le portait.

- Comment ça va partir ça?... Mon nouveau gilet...

Son tout nouveau gilet qui lui avait couté un mois complet d'économies d'argent de poche que lui donnait Yoshi! En plus c'était son gilet préféré, avec un hello kitty en robe jaune dans le dos et une capuche à oreilles de chat...

- Ca va partir la tache moche?...

Il aimait pas le rouge, c'était pas beau comme couleur. Alors le rouge du sang, sur sa veste hello kitty toute neuve, alors ça non! Il ne voulait pas que ça reste, sinon il allait piquer une crise! D'autant plus que pour l'emmener au pressing ça risqait d'être dur vu que les élèves n'ont pas le droit de sortir de l'établissement...

La petite princesse s'exécuta et arrêta de frotter sa veste. Visiblement, le beau monsieur avait l'air de trouver Mei ridicule avec sa veste Hello Kitty. C'est vrai, pour une princesse, il aurait pu faire mieux! Mais il doutait fort que les belles robes comme les française du XVIIème siècle soient bien vues dans une école fréquentée essentiellement par des déliquants. Il tenait tout de même à sa vie, malgré les bêtises qu'il avait faites et les risques qu'il avait pris pour son ex petit ami. Alors en attendant, il avait tendance à faire la kogal en short, et sans les talons. Il se trouvait déjà trop grand pour unr princesse du haut de son pauvre mètre 65... Petite taille pour un garçon, mais étant prématuré forcément, ça n'aidait pas à être grand et fort!

Le monsieur proposa d'aller porter la veste au pressing pour la nettoyer, et, dans le pire des cas, d'en racheter une identique. Mei ouvrit de grands yeux. Certes il adorait les cadeaux, mais il ne voulait pas que ça soit les autres qui payent pour les bêtises qu'il avait faites! C'est ce charmant principe qui avait fait que Yoshi était encore en liberté, alors que Mei avait été condamné...

- Ah non, tu payes pas! Elle coute 8000 yens! (environ 70€)

Il ne savait pas du tout qu'il avait affaire à un prof, il était tout jeune et avait une allure décontractée, il en avait déduit que c'était un élève. Et avec une tenue limite hippie, il avait pensé qu'il était ici pour trafic de drogue. Sacré Mei... Ils arrivèrent à l'infirmerie, et le monsieur posa la princesse sur la table d'auscultation, assis. Ce dernier se sentait tout con, et ne cessait de gromeller après la tache de sang. Il regarda l'inconnu et une question stupide mais fort utile lui vint à l'esprit.

- Au fait, tu t'apelles comment? Et t'es ici pour quoi?

Mei s'était fait à l'idée que c'était un élève comme lui, et comme tous les autres, quoi qu'un peu plus gentil que certains de ses camarades. Les violeurs, il les aimait pas, ils étaient toujours en train de regarder ses fesses et ça le mettait mal à l'aise. Les petites réfléxions en douce aussi, il détestait ça. "T'es bonne"... Pf! A croire que c'était une glace ou un steak! De toute évidence, ici il n'y avait pas de prince! Les garçons étaient vulgaires au possible dans sa classe, d'ailleurs en leur présence Mei niait totalement le fait d'être comme eux. Il s'identifiait plus à une fille qu'à un garçon...

Le monsieur voulait quand même rembourser le gilet? Même si c'était pas de sa faute? Mei se sentit rougir. Finalement, ce hippie était peut-être un prince caché! Si c'était le cas, le plus jeune allait beaucoup l'aimer, lui qui n'avait d'yeux que pour les gens dignes des contes de fées! Il le regarda chercher de quoi nettoyer cette vilaine plaie, quelque peu anxieux. ses derniers souvenirs de soins n'étaient pas agréables... Il regarda son poignet, caché sous un gros bracelet. Yoshi lui avait remit l'os en place alors qu'il se l'était déboité en soulevant le panier à linge. Douée, la princesse... Fragile surtout, une ossature de moineau anorexique, comme on dit. Une santé fragile, une maladresse à toute épreuve... Un vrai petit chaton qui fait toujours des bêtises, qu'on doit toujours surveiller et câliner pour qu'il soit content!

- Mais je veux pas que tu payes! C'est trop cher, 8000 yen!

Vinrent les présentations, et Mei se sentit rougir. Zut, il avait tutoyé un prof comme si ça avait été un de ses junkies de camarades! Il ouvrit de grands yeux, incapable de prononcer le moindre mot. Si ça se trouve, cette familiarité allait avoir des répercutions sur sa scolarité! Et si il était convoqué par le directeur? Si il se faisait engueuler ou pire, si il se faisait coller ou renvoyer? Il marmonna un vague "désolé", tout timide, et tourna la tête tout en baissant les yeux. Cependant le professeur ne semblait pas fâché, sans doute avait-il deviné que Mei ne l'avait pas tutoyé par provocation, mais par stupidité profonde... Le jeune homme répondit tout de même, pour ne pas parraitre encore plus impoli...

- Je m'apelle Mei, Princesse Mei, enchantée!

Il posa de nouveau son regard sur Aoi, et lui adressa un joli sourire accompagné d'une courbette, rendue maladroite par la position assise. Il se ratrappa avant de tomber, et serra les dents lorsqu'il appliqua le désinfectant sur les plaies. Certes, ça faisait mal, mais il avait connu pire avec Yoshi et ses plans foireux. Le professeur s'excusa, si ça piquait, et Mei fit un sourire quelque peu forcé parce qu'il avait mal.

- Ce n'est rien, j'ai connu pire que ça...

Il préférait d'ailleurs ne pas se rapeller du "pire" en question, parce que ça avait été aussi douloureux pour l'esprit que pour le corps. M'enfin, il ne regrettait pas, il avait tout accepté et tout enduré sans broncher parce que ça faisait plaisir à Yoshi. Et puis, si son amoureux lui avait demandé de faire des choses, c'était normal, non? Alors Mei n'avait pas à se plaindre, voilà tout. Une fois le supplica terminé, le jeune homme regarda la plaie, qui était plus propre qu'avant et adressa un sourire au professeur.

- Désolé de vous avoir tutoyé, sensei... Et merci =)

Merci de l'avoir soigné, et de ne pas l'avoir engueulé aussi...

Pas douée la Princesse... Ce terme convenait assez bien, et Mei assumait totalement sa maladresse à toute épreuve. Heureusement, cette maladresse n'avait pas encore contribué à la mort de quelqu'un. Non, ça, sa naïveté s'en était chargée pour lui... Tutoyer le professeur était une idée qui lui plaisait bien, et il répondit par un grand sourire. Il regarda sa petite main sur laquelle Aoi avait déposé un bisou, et se sentit rougir. Est-ce que c'était un Prince? Parce que, y'a que les princes qui font des bisous sur la main! Du moins, c'était sa logique personnelle. Le jeune garçon ne put retenir un ronronnement de satisfaction en sentant la main du professeur passer dans ses cheveux, et lui non plus n'arrêtait pas de sourire. En même temps, à défaut d'avoir un cerveau, Mei avait un sourire absolument infaillible.

Il prit le petit tube qu'Aoi lui tendait et regarda le contenu. Des petits cachets... Il en avait déjà vendu des comme ça, et le nom écrit sur la boîte lui confirma ça. Morphine. Preuve que vendre des médicaments n'est pas quelque chose de mal! Il avait accepté de faire ça parce que Yoshi lui avait dit que c'était pour que les gens blessés n'aient plus mal. Il regarda Aoi en montrant le tube.

- Hein c'est vrai que ça c'est pas de la drogue?

Il cherchait à prouver que le juge avait fait fausse route. Jamais de la vie, jamais Mei n'aurait vendu de la drogue! Il avait juste vendu de la farine et des herbes aromatiques pour la cuisine, des médicaments contre la douleur et des petites fioles de ce qu'il avait interprêté comme étant des huiles essentielles. Par la suite, il s'était avéré que c'était de l'héroïne, mais il n'y croyait pas le moins du monde!

Faisant une bouille des plus innocente, il baissa les yeux vers le tube de cachets. Les gens avaient été méchants avec lui, de le condamner alors qu'il avait juste voulu être gentil et aider les autres!

- Le juge il a dit que c'était mal de vendre ça, et que c'était de la drogue. Mais, il mentait, hein? Hein que c'est Yoshi qui avait raison, et que ça c'est juste pour aider les gens à se soigner?

Il posa un regard quasi suppliant sur le professeur, comme si il cherchait à se prouver à lui même qu'il n'avait jamais mal agit. Il était loin d'avoir un mauvais fond, il était juste beaucoup trop naïf et confiant...

Mei hocha la tête doucement. Alors donc il avait vendu de la drogue... Sur le coup il se sentit vraiment con de chez con. Mais bon, il voulait positiver et se dire qu'il avait vendu des médicaments contre la douleur à des gens qui en avaient besoin, au lieu de se dire qu'il avait aidé des toxicos à se shooter. Il n'était pas un méchant garçon, au contraire! Il avait juste voulu aider, rien de plus. Il regarda le professeur mettre un haut, et écouta son monologue en le regardant d'un petit air triste. Un air de gosse qui se fait engueuler parce qu'il a fait une énorme bêtise. C'était un peu le cas en fait, sauf que la petite princesse n'avait pas trop saisi la notion de mal dans ses agissements. Aoi lui répéta plusieurs fois qu'il était naïf, et Mei comprit que Yoshi s'était servi de lui. Cependant, il refusait de le croire! Yoshi n'était pas comme ça, il le savait, c'était un homme infiniment gentil...

Il baissa les yeux et fondit littéralement en larmes, cachant son visage derrière ses petites mains tremblantes. C'était pas dans ses habitudes de princesse de pleurer comme ça devant quelqu'un, mais il avait trouvé Aoi méchant avec lui, de lui dire qu'il était naif et qu'il avait fait des choses mal. Il n'aimait pas qu'on soit méchant comme ça, il était beaucoup trop sensible! Et puis, selon lui il n'avait rien à se reprocher, à part d'avoir été amoureux comme un fou... Ou comme un con selon les points de vue. Il se replia sur lui même, rammenant ses jambes contre son torse en sanglotant comme un petit enfant malheureux. Bien sur qu'il s'en voulait, bien sur qu'il avait fait des conneries, mais si il avait su que c'était mal, jamais il n'aurait fait ça.

- Je... Aoi... Pardon...

Il n'arrivait même plus à articuler à cause des larmes. Il s'en voulait énormément de tout ce qui était arrivé, et si ça se trouve il avait détruit des vies sans le vouloir. De sur il y avait cette fille dont il se rapellait parfaitement le visage. Tsukiko Ono, une jeune fille de 15 ans à peine... Violée et tuée sous ses yeux par l'homme pour qui il aurait sacrifié sa vie.
Au bout d'un moment, le petit finit par se calmer. Effectivement, il n'avait pas fait que vendre de la drogue. Il prit la parole d'une voix encore toute tristounette.

- J'ai rencontré Yoshi quand j'avais 16 ans, au lycée. On était amoureux, c'était mon prince charmant rien qu'à moi... Il m'a demandé de l'aide, alors je l'ai aidé. J'ai revendu et acheté des choses pour lui... Des armes, il disait que c'était pour se défendre. De la morphine et des emphétamines, il disait que c'était pour se soigner quand on a mal. Du cannabis, il me disait que c'était des herbes pour salade. Il me prêtait à ses copains des fois, et si j'étais sage il me donnait de l'argent pour pouvoir m'acheter des bijoux ou des vêtements. Pareil pour les armes et le reste... Je savais pas que c'était mal, parce que comme c'était un prince il ne pouvait pas me faire faire des choses dangereuses. Un jour on a été dans un bar, et il m'a demandé d'aller mettre des sucrettes dans le café d'une fille et d'aller l'attendre chez nous. Il est revenu avec la fille et... Et il l'a violée dans le salon, et elle s'est jamais réveillée. Et c'est moi qui suis allé au tribunal parce que c'est la dose de GH je sais pas quoi dans son sang qui l'a tuée... mais moi c'est du sucre que j'ai mis dans son café, pas du poison!

Il relava son regard peiné vers Aoi, se mordant la lèvre. Il avait terriblement honte de ce qu'il avait fait, mais ça le soulageait un peu de tout déballer comme ça. Dans un sens, ça aidait aussi à oublier Yoshi...

Mei laissa son professeur passer son bras autour de ses épaules, et il vint instantanément se blottir contre lui comme un chaton perdu. Il se laissalt bercer gentiment, rassuré par la présence d'Aoi. Il était gentil et se comportait comme un grand frère! Il se sentait bien vers lui, et il se calma peu à peu, séchant ses larmes et reniflant. Il prit un mouchoir dans son petit sac et se moucha, avant de jetter le mouchoir dans la poubelle vers eux. Il écouta les paroles du plus âgé, le croyant parce qu'étant plus grand, il s'y connaissait surement mieux. Il connaissait la vie lui, pas comme la frêle princesse... Un mot cependant l'avait perturbé et il releva son petit visage aux yeux rougis vers le professeur de couture. Il prit la parole d'une toute petite voix hésitante et tremblottante.

- Je suis une pute moi?...

Il voulait pas être une puce, il voulait être une princesse! D'ailleurs la suite du discours concernait les hommes en général. Il allait finir avec un homme qui n'est pas un prince? Il ne savait pas ce qu'il préférait entre un méchant prince ou un gentil garçon. Il savait qu'il voulait un prince qui le sauverait, qui le protégerait tout le temps. Un beau prince, gentil, qui lui ferrait des câlins et des bisous, et qui veillerait à ce qu'il ne manque de rien. Avec Yoshi il ne manquait de rien, mais cet étrange prince lui avait dit que tout se méritait, et c'est comme ça qu'il l'avait prostitué, sans jamais lui dire la vérité sur ce qu'il faisait.

- Et le vrai prince charmant, il existe pas?... Ca existe pas les histoires d'amour comme dans les contes de fées?...

Sur le coup il était déçu, car depuis l'enfance on lui répérait que pour chaque princesse, il existait un prince charmant. Mais comment faire pour le trouver, au milieu des 6 milliards de gens sur Terre? Et comment être sur de ne pas s'être trompé? Il était bien triste... Cependant il parvint à retenir ses larmes, et continua de cogiter. Yoshi avait été sa vision du prince charmant, il l'avait imaginé exactement comme lui depuis des années, alors forcément, en le rencontrant il n'avait pas été capable de lui résister.

- Et ici, est-ce que j'en trouverai un de pricne charmant? Ou bien c'est tous des méchants?

Mei et ses questions existencielles...